Nous avons tous déjà ressenti cette sensation étrange : l’impression d’avoir déjà vécu une scène, alors qu’elle se déroule pour la première fois.
Ce phénomène, que l’on appelle communément un « déjà-vu », est expliqué par une sorte de confusion de notre cerveau, qui, au lieu d’enregistrer l’action présente dans notre mémoire immédiate, l’enregistre dans notre mémoire à « long terme ».
C’est en traitant certaines de mes propres photographies que cette sensation m’a frappée à nouveau. Non pas en tant que souvenir vécu, mais comme une impression d’avoir déjà vu – ou déjà pris – cette image. Cette répétition visuelle m’a interrogé : qu’est-ce qui attire sans cesse mon regard ? Quels sont les motifs, les formes, les ambiances qui me ramènent, presque inconsciemment, aux mêmes sujets ou compositions ?
À partir de cette question, j’ai entamé un travail de recherche dans mes archives photographiques. Chaque fois qu’une image éveille cette impression de déjà-vu, je pars à la recherche d’une autre, plus ancienne ou plus récente, qui lui répond visuellement ou émotionnellement. Ces paires d’images sont devenues des diptyques.
Leur mise en relation fait naître un dialogue : entre les émotions qui m’ont poussé à déclencher l’appareil. Elles révèlent des obsessions discrètes, des préoccupations persistantes, des formes de récurrence dans ma manière de voir le monde.
Présenter ces diptyques, accompagnés d’indications de lieu, permet au dialogue entre les deux images de prendre davantage de sens, et élargit la lecture du projet au-delà de mon expérience personnelle, vers une réflexion plus large.
